Ecrire pour vivre!
J'ai été transportée par cette lecture!
Encore la Shoah me direz-vous? Et bien non, c'est autre chose! C'est une rencontre : celle entre une romancière, l'auteure, Valentine Goby, et une Femme, Charlotte Delbo. Mais qui est Charlotte Delbo? Résistante, amoureuse, déportée, écrivaine, poète... L'écriture de cette femme, au retour des Camps, fascine l'auteure. Cette écriture qui donne à expérimenter les camps, dans le corps, dans les émotions. Une écriture qui permet de dire d'indicible, mais surtout de revenir..., de revenir à la vie, de jouir de chaque parcelle de vie volée aux camps... Ce qui semble ne pas avoir plu à tout le monde à l'époque. Valentine Goby tente de sortir de l'ombre cette écrivaine, une femme vivante, "revenue d'entre les morts", de "là où l'on ne revient pas". Elle parle avant tout de son rapport à l'écriture, à la littérature, et nous invite non seulement à lire cette femme, et surtout, à écrire la vie... et c'est magnifique! Merci.
Quelques extraits : " La lecture toujours convoque le lecteur et sa propre histoire, en ce sens le lecteur coécrit en permanence avec l'auteur, il n'est pas indemne de lui-même en situation de lecture et toute littérature résonne singulièrement dans sa chambre d'échos". "Un écrivain doit-il pouvoir servir de sa plume tous les sujets, toutes les causes, ou est-il concevable comme un artiste partiel, né de circonstances qui fondent sa vocation et délimitent -réduisent - son champ de création? La question de l'événement fondateur et du territoire d'écriture est pour moi essentielle, elle interroge profondément le rapport de l'écriture, de l'artiste en général, au réel. L'art nait-il et dépend-il essentiellement de notre confrontation singulière au monde?" "Apprendre, en latin, c'est saisir. Etre en mouvement. Donc adhérer à l'existence. Un verbe magnifique. Peut-être le plus beau que je connaisse. Danser, marcher, rire, moins que ça c'est n'être plus que biologiquement, et non consciemment, vivant. Charlotte Delbo aurait pu ajouter pleurer, crier, aimer, et même écrire - se mouvoir en paroles, toutes façons se projeter le corps dans le monde, de manifester sa porosité, de laisser son empreinte. Refuser l'inertie si semblable à la mort, qui injurie les morts. C'est tant de modestie, et tant d'exigence. "