Motivé par sa part de Gaulois!

"Motivé-e-s, Motivé-e-s, motivé-e-s!", ça vous parle? C'était en 2001, par le groupe toulousain Zebda et son chanteur Magyd Cherfi.

Motivé, le futur chanteur de Zebda a du l'être! D'origine kabyle, il grandit dans les années 70-80 dans la cité des quartiers nord de Toulouse. Dès son plus jeune âge, il se sent l'âme d'un poète: Brassens, Lavilliers et Zola n'ont pas de secrets pour lui. Et ça ne passe pas très bien avec les caïds du coin... Claques et insultes tombent chaque jour. Mais il sera le 1er Bac arabe de la Cité !

Il y a du Romain Gary dans cette promesse de revanche, soutenue corps et âme par la mère de Magyd. Elle l'a bien compris, ce sera celui de ses enfants qui réussira, et elle sacrifie tout pour lui!

Magyd nous dit son amour des mots, son désir de sauver aussi, par les mots : les enfants, les filles cadenassées... Mais il dévoile aussi son impuissance, son chemin, dit les névroses identitaires qui déchirent, font choisir et donc (?) trahir l'un ou l'autre camps... Et finalement l'amèneront à se rencontrer lui-même... Toute la théorie sur "la Névrose de classe" de Vincent De Gaulejac est ici illustrée. Toutes les impasses de "gestion" sociale de ces quartiers sont là aussi, mises à nu, et depuis, au moins 2 générations ont continué sur cette base de transmission défaillante... Il y a urgence au dialogue et à ce que chacun recouvre la mémoire et la partage! Un livre sensible, grave et drôle à la fois, d'une très grande justesse, à lire nécessairement!

Un extrait pour vous en convaincre : "Je me suis cru schizophrène et bancal, je ne l'étais pas plus que d'autres, sauf qu'habité par deux histoires qui se faisaient la guerre, deux familles hostiles, deux langues irrémédiablement opposées, me suis plu à être la victime expiatoire. Comme le monde s'ouvrait à moi j'ai fait de mon fardeau des ailes, de mes blessures un bouclier, de mes fêlures identitaires deux richesses dans lesquelles s'est engouffrée la seule idée qui vaille, l'universel. En devenant Magyd j'ai juste récupéré ma part de Gaulois."